L'histoire de St. Georges de Reneins

L’HISTOIRE DE ST GEORGES DE RENEINS

 

par Christian de Fleurieu

 

Raconter Saint Georges, c’est rappeler quelques faits saillants qui ont émaillé l’histoire de cette commune, devenue aujourd’hui la plus étendue du département… après Lyon bien sûr !

 

Il faut remonter très loin dans le temps, dépasser la période historique pour s’aventurer dans la préhistoire, l’âge du bronze, du fer, et de la pierre polie. On situe d’ailleurs très précisément la manifestation de ces civilisations au milieu de la Saône, sur l’îlot de Grelonge, aujourd’hui disparu, où des découvertes révélatrices ont été faites. Cet îlot n’était pas là par hasard, mais parce que la rivière est à cet endroit si peu profonde que la Saône y était guéable, c’est à dire que l’on pouvait la franchir à pied. Ainsi s’articulait à Saint Georges un croisement naturel des axes de circulation : au traditionnel courant nord/sud s’ajoute ici un passage est/ouest qui donna naissance à une agglomération du nom de Ludna.

 

Découverte au milieu du 19ème siècle au moment du creusement de la ligne de chemin de fer Paris-Lyon, Ludna a révélé des traces d’habitation, confirmées par les campagnes de fouilles qui se succèdent depuis 2002.

 

Les peuplades anciennes empruntaient ce croisement de routes pour gagner Bibracte, l’ancienne capitale des Eduens, à travers les cols du Beaujolais. Vers 48 av. JC, les Helvètes en migration vers l’ouest, dangereusement répartis de part et d’autre de la Saône, y furent taillés en pièces par Jules César, trop bon stratège pour laisser passer une si belle occasion.

 

Grelonge fut aussi et plus tardivement à l’origine d’un événement important pour notre Beaujolais : l’îlot était en effet devenu, au temps des Croisades, un monastère réservé aux filles des Croisés disparus dans les lointains combats contre les « Infidèles ». Conscients de leur responsabilité envers ces orphelines, les Abbés de Cluny, dont le talent oratoire avait suscité bien des vocations chez les Croisés, hébergeaient à Grelonge ce petit troupeau.

 

Or, il arrive que la Saône, qui n’a pourtant pas la réputation d’un torrent furieux, connaisse des crues fort dommageables pour l’îlot et son monastère, comme ce fut le cas à la fin du 14ème siècle. A tel point qu’après avoir dû se réfugier à l’étage supérieur pour fuir l’inondation, les malheureuses moniales furent contraintes de quitter leur édifice pour assister à son effondrement. L’abbé de Cluny dut leur trouver d’urgence un refuge : ce fut Salles en Beaujolais, dont l’histoire et le rayonnement sont venus jusqu’à nous.

 

Plus tard, Saint-Georges fut mêlé à l’affaire de la Bessée, dont les épisodes romanesques comme les retombées politiques ont dû passionner les contemporains. En 1391, Saint-Georges était une possession des très puissants sires de Beaujeu. On raconte que l’un d’eux, le fort peu recommandable Edouard II, s’éprit d’une demoiselle de La Bessée, d’une honorable famille de Villefranche. Comme elle se refusait à lui, Edouard n’aurait pas hésité à la faire enlever et séquestrer, mais les parents outragés portèrent l’affaire devant le roi de France. Celui-ci punit le coupable en ordonnant le transfert de la seigneurie de Saint-Georges aux La Bessée. Ce n’est que longtemps après, en 1531, que Saint-Georges fut rattaché à la couronne de France.

 

Dès le Moyen-Âge, Saint Georges comptait de nombreux fiefs dont des châteaux portent encore les noms aujourd’hui : Vallière, Boistrait, Marzé, Laye… Ce morcellement annonçait l’actuelle structure du village, qui compte 40 hameaux reliés au bourg et entre eux par un fort kilométrage de routes, dont la principale est la RN6, depuis peu D306. Son tracé a varié au fil du temps, d’abord pour éviter la zone inondable de la Saône, et aussi pour contourner la butte au centre du village où se dresse l’église, longtemps entourée du cimetière. Ce n’est qu’au 19ème qu’on décida de creuser une tranchée au pied de l’église et de déménager le cimetière (opération très controversée !) pour permettre la traversée rectiligne du village que nous connaissons aujourd’hui.

 

Le village a connu au fil du temps plusieurs appellations, qui toutes font allusion à la nature dominante du sol : le sable. Le nom latin d’origine Arena, devint successivement Renens, Rogneins, puis Reneins. Saint Georges lui-même fut choisi comme protecteur par le village comme 77 autres en France. La Révolution trancha sèchement tout lien avec ce saint guerrier en imposant pour quelques années le nom de Reneins les Sables, renouant ainsi avec le passé.

 

Quant au nom des habitants, les Reneimois, il date seulement d’un arrêté municipal de 1988.

 

Un autre épisode plaça Saint-Georges en première ligne en mars 1814, lorsque les troupes du maréchal Augereau, hétéroclites et insuffisantes, durent affronter l’armée autrichienne en route vers Lyon. Une importante bataille se livra sur le territoire de la commune : c’était pour Napoléon le dernier espoir de desserrer l’étreinte de la coalition ennemie, ce fut en fait le dernier épisode de la campagne de France. Lyon capitula sans combat, et Napoléon battit en retraite à Waterloo trois mois plus tard.

 

Aujourd’hui, Saint-Georges est un village équilibré. Un grand nombre de petites et moyennes entreprises artisanales y sont installées, l’agriculture est représentée par la vigne et le maraîchage, et l’activité commerciale y est de tradition : Port-Rivière assurait un important trafic de marchandises vers Lyon et Mâcon, et développait le transport des vins par bateau jusqu’à Paris. Enfin, si l’on en juge par la pression immobilière qui y sévit, il semble que nombreux sont ceux qui trouvent qu’il fait bon vivre à Saint Georges !

 

 

 

LA LEGENDE DE SAINT GEORGES

Saint Georges, le Dragon à ses pieds, par Andrea Mantegna.

 

On ne connaît la vie de St Georges que par ce qu’en rapporte la légende :

 

la fille du roi d’une ville païenne (Beyrouth selon la tradition) fut désignée pour être offerte en sacrifice à un dragon qui menaçait la ville. Georges s’interposa, combattit le dragon qu’il tua, et convertit les habitants à la religion chrétienne.

 

Le culte de St Georges se développa alors en Orient et en Occident. On sait qu’il fut martyrisé vers 303 à Lydda en Palestine grâce à des inscriptions dans des églises syriennes.

 

Saint Georges représente l’idéal de la chevalerie et est fêté le 23 avril depuis 1222. Il a été choisi comme patron de l’Angleterre, de Gênes, Venise, Barcelone, entre autres, de 77 communes en France, de tous les cavaliers, et de nombreux ordres de chevalerie.

 

Saint Georges est traditionnellement représenté à cheval, souvent blanc, ayant un dragon à ses pieds. En armure, une lance à la main, portant un écu et une bannière d’argent à la croix de gueules. Cette bannière blanche à croix rouge, qui fut celle des croisés, devient le drapeau national de l’Angleterre. Il est l’allégorie de la victoire de la Foi sur le Démon - désigné dans l’Apocalypse sous le nom de dragon.

 

 

 

L’ORIGINE DU NOM

 

Le village a connu plusieurs appellations, qui font toutes allusion à la nature dominante du sol : le sable.

 

Le nom latin d’origine, Arena, devint successivement Renens, Rognens, puis Reneins. La Révolution abolit le « Saint Georges » et imposa pour quelques années le nom de Reneins les Sables.